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Il faut sauver le soldat Mickey

7 Septembre 2011 , Rédigé par Jiphoune Publié dans #Humeur (attention: réac !)

Grâce à la levée de bouclier héroïque de quelques élus locaux, la taxe sur les droits d’entrée dans les parcs d’attraction a été retirée du plan de rigueur. Face à la crise de l’Euro, à la spéculation sur les dettes souveraines, aux déficits abyssaux et à la menace sur la note de crédit de la France, nos politiques se sont une fois de plus montré à la hauteur des vrais enjeux : pas touche à mon parc d’attraction ! 

 

DisneylandParis.jpgCela pourrait prêter à rire si cet épisode n’était pas symptomatique de l’ingouvernabilité de la  France. Au bord du précipice, on se chicane pour préserver de minuscules intérêts corporatistes.

 

Face à une dette publique de 1.646 milliards d’Euros (85% du PIB) et un déficit public de 95,7 milliards (5,7% du PIB) et alors que la menace de déclassement de la France se précise, le gouvernement sort une batterie de mesurettes permettant d’économiser tout au plus 2 milliards d’Euro. Parmi celles-ci, une taxe sur les droits d’entrée dans les parcs d’attraction. Cette courageuse réforme permet surtout de faire l’économie de vraies coupes budgétaires et d’une vraie réforme de la fiscalité, mal venues en période électorale. Mais enfin bon, ça ne mange pas de pain et après tout, il faut bien que tout le monde se serre un peu la ceinture. De plus, ça ne devrait pas faire de mal à grand monde.

 

C’était sans compter sans l’engagement exemplaire de quelques élus locaux, au premier rang desquels Jean-Pierre Raffarin, prompts à monter au créneau pour défendre les intérêts de leurs administrés. Du Puy-du-Fou à Disneyland en passant par le Futuroscope ou Vulcania, nos géniaux édiles ont en effet jugé bon d’investir les deniers public dans des parcs à thèmes en rase campagne plutôt que dans des infrastructures et des activités industrielles. C’est quand même plus joli à la télé et ça permet de faire de l’image pour la région (et accessoirement pour son président). Nos édiles n’ont pas hésité à aller jusqu’à pourfendre, les larmes dans les yeux, le caractère antisocial d’une mesure qui pénaliserait « les plus modestes ».

 

Chacun sait en effet que les chômeurs en fin de droit, les petits salaires, les précaires, les mères célibataires, les jeunes sans emploi passent leur temps dans les parcs d’attraction qui répondent à un besoin essentiel de leur existence. A 57 Euros le billet adulte (51 Euros le billet enfant) pour Disneyland Paris, ce sont vraiment « les Français les plus modestes » qu’on frappe.

 

Dans cette histoire, on se demande ce qui est le plus affligeant : cette campagne acharnée pour défendre un petit intérêt catégoriel au mépris de l’intérêt général, le fait que le gouvernement, sur un accès de mauvaise humeur de quelques barons locaux, capitule en rase campagne ou encore le fait que personne (notamment pas les médias) ne relève l’incommensurable nullité de ce débat. Désormais, en France, on n’a même plus besoin de descendre dans la rue ou de bloquer les transports pour faire retirer une réforme.

 

Accessoirement, le vrai bénéficiaire de l’abandon de la taxe n’est ni le Futuroscope de Raffarin, ni le Puy du Fou de Villiers, ni le Vulcania de VGE mais le Disneyland Paris de l’Oncle Sam. Ce parc écrase de loin tous les autres en termes de fréquentation et de chiffre d’affaire et une bonne part de ses clients viennent de l’étranger. On aurait donc pu « vendre » la taxe comme un moyen de pénaliser ces salauds de capitalistes yankees tout en taxant non pas les français les plus modestes mais les européens les plus aisés. Les Franchouillards auraient adoré.

 

Egoïsme corporatiste et lâcheté électoraliste triomphent une fois de plus. Certes, la mesure était anecdotique à l’échelle des dettes à éponger. Mais si même un si maigre sacrifice est intolérable, qu’en sera-t-il des véritables et douloureuses remises en question qui ne manqueront pas de venir ? Qu’importe. Quand la France sera sous tutelle du FMI, les Indignés de la Place de la Bastille auront leurs coupables tout désignés : les affameurs du peuple que sont le FMI, l’Union Européenne et l’Allemagne. C'est-à-dire, comme toujours, les autres.

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D
<br /> Pas médiatisé, le ridicule de pinailler sur les cacahuètes à gagner sur les parcs d'attraction ? Un tout petit peu quand même puisque "Le Canard Enchaîné" d'aujourd'hui en parle dans son éditorial<br /> et la radio BFM s'en gaussait lundi-matin.<br /> Quant au problème de la dette, Le Monde d'hier laissait paraître un article intitulé "Non, la mort de l'euro ne sera pas la mort de l'Europe" et Le Canard du jour laisse entendre que l'Elysée se<br /> demande en privé si l'euro passera l'hiver : un tabou est-il en train de tomber ?<br /> <br /> <br />
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